lode architecture

maison G | normandie | 2011

photographies : Daniel Moulinet

Près de l'Estuaire de la Seine, entre bois et vergers, cette maison de vacances apparaît d'abord comme une silhouette sombre, découpée sur fond de verdure. C'est un volume simple, monochrome, aux faces lisses et aux arêtes vives. Sous la lumière, la vêture d'ardoise réagit aux ciels changeants de Normandie, et inscrit la maison dans son paysage. Les façades voisines du port de Honfleur reviennent alors à l'esprit. A l'intérieur, on découvre le volume en creux, libre de charpente jusqu'au faîtage. Une série de murs de refend, faits de panneaux de bois, partitionnent l'espace. Les ouvertures taillées dans leur épaisseur créent des passages, cadrent des vues intérieures ou invitent le paysage environnant. Par jeu de superposition et de décalages, ces baies offrent une vision kaléidoscopique de la maison et de la vie de ses occupants. Au centre du plan, le séjour se double d'une terrasse, qui profite de l'ombre d'un grand cerisier. Des vitrages surdimensionnés réunissent les deux espaces, et assurent l'ensoleillement de la pièce. En toiture, une série de conduits réfléchissants complètent l'apport de lumière depuis le versant nord. L'organisation longitudinale de la maison, rythmée par les refends, croise ainsi une gestion transversale de l'éclairement, qui ancre la maison dans le cycle des jours et des saisons.

L'occupation intermittente de la maison, conçue comme un lieu de vacances, a fortement guidé les choix environnementaux du projet. L'enjeu était ici de privilégier les dispositifs passifs, architecturaux, offrant un gain en terme de performance énergétique, mais aussi d'agrément pour les occupants. L'exposition a ainsi été une préoccupation première : orientation de la maison sur une ligne est‐ouest, ouverture surdimensionnée au sud, avec ombrage naturel et contrôle solaire, façade nord aveugle. La structure met en jeu des dalles bois, empilées pour former les trois niveaux du rdc, le long de la pente du terrain. Au‐dessus, toute la structure est réalisée en panneaux de bois massifs. Toutes les chutes occasionnées par la découpe des ouvertures ont été utilisées sous forme de portes, de marches, ou de mobilier fixe. A l'extérieur, pour obtenir l'expression la plus directe de l'épure, la vêture a demandé des mises en oeuvre spécifiques. L'utilisation extensive de l'ardoise selon un calepinage continu recoupe ici des critères de durabilité, d'esthétique, et une volonté d'ancrage dans la tradition constructive locale.